Bien que certaines parties du monde valorisent le gras et le corps en surpoids, l’Europe et l’Amérique du Nord n’en font pas partie. Dans nos cultures, être mince signifie être beau, professionnel, avoir réussi, être intelligent, être valorisé et avoir le contrôle de soi. Et l’opposé est également vrai en ce qui concerne nos croyances sur le gras, le surpoids et l’obésité. Être gros signifie être paresseux, glouton, peu intelligent et ne pas avoir de contrôle – et ce sont ces croyances erronées qui motivent la stigmatisation et la honte du gras.
Étonnamment, la recherche à long-terme ayant examiné des populations importantes suggère qu’une meilleure santé et qu’une espérance de vie prolongée viendraient avec plus de gras autour du corps que la « norme » de l’indice de masse corporelle. La stigmatisation du gras entraîne de nombreux résultats négatifs qui peuvent non seulement nuire à notre santé physique et mentale, mais aussi à l’incapacité de perdre le poids demandé par la société…
1. Santé mentale
Les personnes en surpoids ou obèses qui vivent dans une société qui les dévalue et les culpabilise sont sans surprise une population qui rapporte des taux plus élevés de dépression, de pensées suicidaires et même de prise de poids que leurs semblables plus minces.
La pression exercée par la famille, les amis, les étrangers et le corps médical pour perdre du poids suffit à utiliser la nourriture comme stratégie d’adaptation. Du stress chronique à l’anxiété et de la dépression à la haine de soi, la stigmatisation du gras peut user la santé mentale, ce qui entraîne des troubles alimentaires et d’exercice, ainsi que de l’isolation et des suicides.
2. Concept de soi négatif
Les messages négatifs chroniques sur le surpoids peuvent mener à un concept de soi négatif et ainsi la croyance que nous manquons du contrôle ou de la volonté de changer, et ne seront jamais valorisés par la société si nous ne changeons pas.
Ces croyances peuvent à leur tour alimenter le désespoir de perdre rapidement du poids (pour quelle autre raison avaleriez-vous un ténia ?). De plus, l’internalisation de ces idées erronées sur le gras nous fait penser que nous serons plus heureux avec 5 kilos de moins.
3. Faire régime
Vous ne mangez que du pamplemousse, ou éliminez tous les aliments bruns, ou n’avalez que des sucreries… l’industrie du régime dépend de la croyance sociale que le gras est mal et doit être détruit par tous les moyens possibles.
Il semblerait qu’un nouveau régime soit inventé toutes les cinq secondes, ou encore qu’un collègue vous recommande tous les jours une nouvelle boisson détoxifiante pour perdre du poids rapidement. La vérité, c’est que les régimes ne marchent pas, mais que l’espoir et la prière donnent l’impression que ce sera le dernier régime que vous devrez faire dans votre vie.
4. Culpabilité du gras
Entre les dernières infos des tabloïdes et les photos en ligne de votre célébrité favorite, les médias n’ont pas peur de culpabiliser le gras ou le corps de ceux qui sont sous le feu des projecteurs. En Europe et en Amérique du Nord, c’est honteux d’être gros, mais louable de perdre du poids et de « reprendre contrôle » de son corps.
La cellulite (un terme inventé par l’industrie cosmétique), par exemple, est la formation naturelle de capitons par la graisse stockée sous la peau ; mais les médias et l’industrie des produits de beauté vous ferait croire que c’est un choix, que c’est disgracieux, que c’est quelque chose que l’on peut contrôler. La croyance que l’on peut contrôler son poids entraine des sentiments de culpabilité et de honte lorsque nous échouons (ou finissons par prendre plus de poids).
5. Troubles alimentaires
Notre peur et notre mépris de la graisse ne sont pas aussi dangereux que les troubles alimentaires qu’ils entrainent. De l’anorexie à la boulimie en passant par l’exercice extrême et l’orthorexie, les troubles alimentaires sont en pleine expansion chez les deux sexes en raison de la pression grandissante pour un corps parfait.
Allumez la télévision ou un écran d’ordinateur et vous serez écrasé par les images de beauté, et de personnes sexy, jeunes, minces et musclées. C’est logique que les enfants commencent à faire régime de plus en plus jeunes ou culpabilisent les autres pour leurs choix alimentaires et leur corps.
6. Abus d’exercice
Nous sommes encore nombreux à croire que plus nos entrainements sont longs et intenses, plus nous serons en forme physique et surtout… minces. Des marathons aux compétitions de minceur extrême en passant par les cours de fitness qui durent des heures, le plus est le mieux… non ?
La stigmatisation du gras n’a pas seulement influencé l’industrie du fitness en aidant à augmenter le nombre d’abonnements, mais a également permis de propager la peur du gras à travers les cours et programmes conçus pour vous aider à vous débarrasser du gras indésirable. Il reste une idée fausse importante dans l’industrie du fitness et de l’exercice qu’il faut être mince pour être en forme, alors qu’en vérité, c’est possible d’être en forme en étant gros.
7. Programmes de promotion de « Santé »
Une chercheuse de l’Université de Colombie-Britannique appelée Patricia Vertinsky a un jour suggéré que les programmes de promotion de santé étaient seulement des jugements de valeur emballés sous une étiquette scientifique. Elle a suggéré que la promotion de la santé via les programmes de perte de poids n’était basée que sur du jugement (en raison du manque de recherche suggérant un lien fort entre le poids et la santé).
Les programmes de promotion de la santé sont de plus en plus courants dans les écoles primaires et secondaires et mettent l’accent sur les choix alimentaires et de vie sains. Ce qui semble être une tentative innocente d’encourager des changements positifs pourrait mener à des troubles alimentaires et à la peur de manger chez les plus jeunes. Souvenez-vous qu’il n’y a pas de « bonne » ou « mauvaise » nourriture… c’est juste de la nourriture.
8. Aversion au soin médical
Il a été rapporté que de nombreux obèses évitent de se faire examiner pour leur bilan annuel, car ils ont peur du blâme et de la culpabilisation de leur médecin. Le Dr Arya Sharma, professeur de médecine et présidente de recherche et de gestion de l’obésité à l’Université d’Alberta, suggère que la stigmatisation d’un professionnel médical envers une personne obèse ne la motivera pas à perdre du poids. En vérité, ça ne pourrait faire qu’empêcher la personne de rendre visite à un médecin et de se faire examiner pour d’autres troubles de santé futurs.
La recherche examinant la stigmatisation du gras chez les professionnels du corps médical comme les nutritionnistes, entraineurs et autres professions médicales suggèrent la présence de nombreuses croyances erronées sur le gras. Le résultat, c’est une mentalité de « blâmer la victime » qui, à son tour, n’aide personne et évite au patient de consulter son médecin.
9. Éviter la salle de sport
Des études en psychologie de l’exercice ont suggéré que l’une des barrières principales qui empêchent les obèses de participer à un groupe d’exercice est la peur du jugement et de la démarcation. De nombreuses personnes en surpoids ou obèses ont vraiment l’intention de se remettre en forme et de perdre du poids avant d’entrer dans un centre de fitness.
L’environnement du fitness n’est pas seulement intimidant pour le sportif débutant, il regorge de rappels que le gras n’est pas le bienvenu. Des équipements d’entrainement qui ne vont qu’a la taille 42 aux machines d’exercice qui n’accueillent pas les corps plus imposants, l’industrie du fitness continue à ne s’occuper que d’une fraction de la population.
10. Manque de représentation dans les médias
Des magazines aux films et aux émissions télévisées de toute sorte, il est rare de voir une image d’une personne plus imposante sans la légende « XXXL » ou des remarques sur l’image corporelle. Bien que ce soit la norme de voir toutes les publicités de fitness et de nutritions arborant des modèles heureux, jeunes, minces et « en forme », nous savons que ça ne reflète pas adéquatement la population.
Une recherche internet des mots comme « fitness », « exercice » ou « manger sainement » montre très bien le biais de la représentation de la minceur. Jusqu’au jour où nous verrons des corps de toutes tailles représentés dans les médias, nous continuerons à alimenter la croyance qu’être mince équivaut à être en forme et en bonne santé.
11. Influences intergénérationnelles
Avec tous ces programmes de promotion de santé, l’intérêt grandissant dans la remise en forme et la nutrition et la peur du gras chez les parents, il est logique que les générations plus jeunes soient lourdement influencées par la stigmatisation du gras.
Pour aider à réduire cette stigmatisation et encourager des changements positifs, il est important de défier ces croyances et de profiter de sa vie de manière équilibrée. Éviter de parler négativement du corps devant les enfants ou de faire des commentaires négatifs sur le corps de quelqu’un d’autre est un bon début. S’opposer à la stigmatisation du gras et à la culpabilisation corporelle en haussant la voix nous permettra de nous diriger sur la bonne voie (de la santé).